Texte adopté par l’Assemblée Générale de l’ AESPEF, le 22 Février 2008.

Introduction

L’Association des Etablissements Scolaires Protestants Evangéliques en Francophonie rassemble des établissements scolaires autour de valeurs et de buts communs.[1] Notre vision Biblique du monde et de la vie inclut la foi en Dieu en tant que Créateur, Rédempteur et Restaurateur de toutes choses. Notre confession de foi, qui est celle de l’Alliance Evangélique Européenne, déclare que nous croyons en :

  • La souveraineté et la grâce de Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint Esprit dans la création, la providence, la révélation, la rédemption et le jugement final.
  • L’inspiration divine des Saintes Ecritures et en conséquence son entière véracité et son autorité suprême dans tous les domaines de la foi et du comportement

1. Au sujet des Ecritures et de la Science

Les Ecritures sont vraies dans toutes leurs affirmations ; de ce fait nous croyons que les actes créateurs de Dieu sont rapportés de façon fiable dans le récit biblique et qu’ils sont nécessaires à notre compréhension de notre vocation humaine et de ses buts rédempteurs. Les Ecritures affirment que Dieu a créé l’univers, mais elles ne le font pas dans un langage scientifique, et ne dévoilent pas pleinement non plus la façon dont Dieu s’y est pris.

Les efforts scientifiques des chrétiens présupposent que l’univers existe, qu’on peut le connaître, jusqu’à un certain degré, par la raison humaine et les méthodes propres aux sciences naturelles, et qu’il témoigne en lui-même d’un dessein intelligent qui révèle quelque chose des « choses invisibles » de son Auteur (Rom 1) En effet, il y a corrélation entre l’intelligence de l’être humain et les lois qui régissent l’univers car les deux ont été créés par le Dieu unique et sage.

L’investigation à l’intérieur de ces cadres scientifiques et bibliques devrait permettre d’interpréter et de réunir de façon honnête et équitable, toute donnée scientifique et de soutenir une interprétation évangélique responsable des Ecritures. Nous pouvons donc connaître réellement mais non exhaustivement.

Au sujet de la Création

Une doctrine de la création divine fondée sur les Ecritures est le premier élément d’une vision chrétienne du monde. Elle affirme que :

  1. Un seul Dieu existe, Esprit intelligent, transcendant, saint et aimant ; Dieu a existé avant la naissance du cosmos matériel. Dieu le Créateur est totalement autre que Sa création et en est essentiellement distinct. La Parole de Dieu est le moyen créateur par lequel toutes les choses sont parvenues à l’existence.
  2. L’ordre créé est le résultat du dessein voulu de Dieu et les actions décrites au cours des six jours de la création (en Hébreu « yom ») dans le premier chapitre du livre de la Genèse et suivants ne peuvent s’expliquer par la seule référence au temps, au hasard, au processus d’auto-génération et/ou aux lois naturelles.
  3. La continuation de l’univers maintenant et dans tous les temps est aussi l’œuvre de la Parole de Dieu. Dieu est impliqué de façon inimitable dans le maintien et la conservation de Sa création. En effet, toute la réalité créée tient ensemble par la puissance de Dieu qui la soutient. (Psaume 33 : 9 et 104 : 27-30 ; Hébreux 1 : 3 ; Colossiens 1 : 17)
  4. Dieu a fait Sa création bonne et à la fin du récit de la création, Il conclut que cela était « très bon » (Genèse 1 : 31)
  5. La finalité de toute la création est de louer Dieu (Psaume 148 : 7-13). Chaque élément de la création est pour la louange de Dieu, et loue Dieu selon sa propre nature, dans certains cas par le seul fait qu’il existe. Les hommes doivent maintenant apporter une telle louange, qui n’est acceptable qu’au travers d’une relation avec Dieu qui a été restaurée par la foi en Son Fils, par les moyens conjoints d’une communion et d’une vie d’obéissance et de service. (Romains 12 : 1-2)

Au sujet de la Création des êtres humains, et de leur Chute dans le péché

La création divine des êtres humains est la pierre angulaire de la vérité biblique. Cela est essentiel pour notre compréhension de l’œuvre rédemptrice du Christ et pour affirmer avec certitude la dignité humaine. La Bible affirme clairement que :

  • Les premiers êtres humains, Adam et Eve, constituaient le point culminant des actes créateurs de Dieu. Ils ont été créé « à Son image » (Genèse 1 : 26-27), une caractéristique qui distingue les hommes de toutes les autres créatures et souligne leur signification et valeurs uniques aux yeux du Créateur. La créature humaine se définit donc par rapport au Créateur. Comme ce dernier, l’homme est un être personnel qui aime, pense et agit.
  • Les premiers hommes ont succombé au péché par cet acte historique que fut leur désobéissance à Dieu (Genèse 3). Cette désobéissance a amené la mort à l’humanité (Romains 5 : 12) et a également affecté la création de façon significative. Néanmoins, de nombreuses évidences de la bonté originelle de Dieu demeurent.
  • Même aujourd’hui, dans notre condition d’après la Chute, Dieu s’attend à ce que l’humanité garde, gère, et prenne soin de Sa terre selon Ses directives (Genèse 1 : 28 et 2 : 15). Dieu s’oppose à toute maltraitance ou exploitation abusive de Sa Création.

Au sujet de l’évolution

L’évolution dans sa forme la plus simple est davantage la désignation des changements observables au cours du temps dans les réalités et fonctions du cosmos et spécialement dans les formes de vie. Mais l’évolution devient une théorie d’ordre religieux et philosophique contraire à la vision biblique du monde quand elle est attachée aux spéculations d’une vision du monde dominée par le naturalisme moderne. L’AESPEF rejette ces interprétations comme étant non bibliques et dépassant les limites de la science légitime :

  • L’évolutionnisme qui affirme que toute entité ou tout phénomène soit venu à l’existence par hasard
  • Les interprétations qui ne réussissent pas à prendre en compte à la fois les actes créateurs distincts de Dieu tels qu’ils sont décrits de Genèse 1 : 1 à 2 : 25 et la supervision de Dieu, son implication directe et immédiate dans tout le processus de la création.
  • Les conséquences de la perspective religieuse de l’évolutionnisme, qui nie le fait qu’il y ait des lois universelles créées et des absolus d’ordre moral.
  • La conception selon laquelle le monde matériel ou la « nature » serait autonome, que le cosmos serait éternel et en évolution progressive selon un processus de génération spontanée.
  • La notion selon laquelle le progrès au sein de l’humanité ou de toute autre chose serait inévitable. Ni les Ecritures ni la science ne cautionnent cette notion de progrès inéluctable dans le cosmos, en dehors de l’activité rédemptrice de Dieu.

Les différents modèles d’interprétation créationniste.

Tous les modèles courants qui tentent de mettre en relation les détails bibliques avec les données scientifiques au sujet de la création impliquent des spéculationsqui ne sont, à un certain degré, que d’ordre théorique. Ces modèles n’ont pas le même statut que la révélation divine et sont ouvertes à la critique, au débat et à la poursuite de la recherche. L’AESPEF croit que :

  • Une vision biblique de la création, tout en posant un cadre, encourage la recherche scientifique parce que nous acceptons les deux sources d’information : la révélation biblique et la révélation naturelle, celle que nous offre la Création.
  • La révélation biblique et la révélation naturelle, bien que différentes, ne doivent jamais être conçues comme en conflit l’une avec l’autre parce que Dieu est à la source des deux. Les divergences apparentes devraient faire différer les conclusions en faveur d’un réexamen humble et prudent des présuppositions, des théories et interprétations qui conduisent à ce désaccord.
  • Le fait de différer les conclusions doit s’accompagner d’une évaluation honnête, d’un examen minutieux, et conduire à un débat respectueux à l’intérieur du cadre d’une vision biblique du monde et de la réalité.

Au sujet de certaines différences propres à certains domaines

Nous reconnaissons que la fidélité à une conception élevée des Ecritures ne produit pas une uniformité interprétative ni une lecture univoque au sujet des aspects suivants d’une position créationniste. Il est cependant recommandé que les acteurs de l’AESPEF suspendent et diffèrent leurs conclusions sur :

  • La chronologie de la création de Genèse 1 et le fait de savoir si l’ensemble des actes créateurs de Dieu s’est produit sur une période de temps longue ou courte.
  • L’âge de la terre
  • L’étendue des changements limités dans les formes de vie au cours du temps.

Au sujet de notre réponse à ces vérités

Parce que nous croyons fermement à l’enseignement biblique au sujet de la création, l’AESPEF cherche à

  • Adorer Dieu en réponse à son immensité, sa complexité et la beauté majestueuse de Sa Création (que les découvertes scientifiques, entre autres, contribuent à mettre en valeur).
  • Proclamer et respecter le fait que la création est bonne, que Dieu nous la confie afin que nous en prenions soin, que nous la protégions, que nous en fassions bon usage, de façon responsable et joyeuse.
  • Affirmer que chaque personne est unique, portant l’image de Dieu. De ce fait, elle est imprégnée de dignité et mérite d’être traitée avec respect et amour.
  • Respecter la valeur intrinsèque de chaque espèce comme étant l’œuvre créée par Dieu, sans que notre jugement soit influencé par des critères économiques ou utilitaristes.

 

Alors que nous affirmons nos convictions qui nous sont propres, nous nous efforçons de maintenir une attitude de respect et de charité envers ceux qui soutiennent d’autres points de vue en la matière.

Ce respect nous pousse à informer les élèves de nos établissements du point de vue évolutionniste comme une hypothèse qu’ils doivent connaître, tout en enseignant le point de vue créationniste (avec les nuances apportées ci-dessus) qui reste à ce jour une hypothèse, selon l’ordre scientifique, hypothèse qui cependant est rationnelle, qui rend compte de la réalité de manière satisfaisante, et vient conforter notre conviction selon l’ordre de la foi.


[1] Voir la « Charte pour l’éducation en francophonie » et la « Déclaration de Prague », textes de références, disponibles sur le site : www.aespef.org